Les bibliothèques idéales cherchent toujours à faire la paix entre les libraires - Rue89 Strasbourg / 14 septembre 2012
Rue89 Strasbourg / 14 septembre 2012
Les Bibliothèques Idéales cherchent toujours à faire la paix entre les libraires
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Dès la première édition en 2006, la librairie Kléber, avec son million d’ouvrages, a été associée en tant qu’organisatrice et programmatrice privilégiée, comme elle l’a été pour de nombreux autres rendez-vous littéraires en Alsace. Une façon, pour ce poids-lourd de l’édition à Strasbourg de renforcer son empreinte dans le paysage local du livre.
Une influence qui s’explique par le carnet d’adresses de son directeur, François Wolfermann, très étoffé chez les auteurs-stars et les grands éditeurs. Au point d’être quasiment leur seul interlocuteur à Strasbourg. Et la majorité des fonds publics consacrés au festival ont été attribués à cette enseigne privée, lui conférant un pouvoir d’action très étendu par rapport aux autres libraires partenaires.
Face à cette machine bien huilée, l’intégration des professionnels indépendants ne s’est pas faite sans accrocs. Mis de côté jusqu’à l’édition 2009, ceux-ci ont régulièrement fait part de leur malaise à la municipalité. Un sentiment de rejet et d’incompréhension notamment exprimé dans une missive particulièrement courroucée, rédigée à l’attention de la Ville en juin de la même année. Mais face à la crise persistante du livre, certains n’ont guère eu le choix et ont rejoint la barque par nécessité plus que par adhésion à ce rendez-vous tel qu’il a été élaboré.
C’est le cas de Gilles Million, de la librairie l’Usage du Monde, qui déplore l’hégémonie de Kléber et affirme que la participation des indépendants est indispensable :
« Jusqu’à 2009, les Bibliothèques Idéales se déroulaient sans nous, ce qui était vraiment regrettable. Il n’y en avait que pour Kléber, qui est toujours en position de force aujourd’hui. Mais mieux vaut faire partie de la fête et avoir une part du gâteau que pas du tout. Ça nous permet d’affirmer notre identité, de dire qu’on existe et que chez nous aussi, il se passe des choses autour du livre. »
Jennifer Le Morvan, de la librairie Soif de Lire, se satisfait du léger rééquilibrage des forces en présence pour les Bibliothèques Idéales :
« C’est une très belle carte de visite pour les établissements participants. Je continue tout de même à regretter que Kléber ait un statut à part. Avec la nouvelle formule, leur domination est certes toujours aussi importante, mais moins qu’avant. C’était délirant qu’un privé soit aussi prépondérant pour un évènement comme celui-ci, qui appartient aux lecteurs plutôt qu’à l’un d’entre nous. »
Afin de faire valoir leur rôle et leur expertise, les indépendants ont crée en mai 2012, sous la houlette de Dominique Ehrengarth, responsable de la librairie-papeterie du même nom, un collectif regroupant une trentaine d’enseignes en Alsace. Son nom : ALIR (Association des libraires indépendants du Rhin). Objectif : s’unir pour renforcer leur poids et incarner une alternative face aux géants de l’édition.
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