Association des Libraires Indépendants du Rhin

Du Coin de la Page N°13 - Décembre 2019

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Le mot du président

Chers amis des livres,

Et voilà, c’est Noël, une belle période de fêtes, de cadeaux et de partage. On célèbre la naissance de Jésus, la fête des lumières, le solstice d’hiver, la famille et la solidarité. Les hommes se réjouissent du retour de la lumière, car les jours qui se sont réduits devant l’emprise de la nuit, vont à nouveau rallonger. La lumière reprend de l’espace sur la nuit et sur l’obscurité.

Pour nous, libraires, pour vous, amis lecteurs, amis auteurs et acteurs de la construction de l’humanité, les livres sont nos lumières. Que ces lumières éclairent nos consciences et nos réflexions, que ces lumières illuminent nos sentiments, nos joies et nos peines, que ces lumières réjouissent les grands et les petits pour la construction pleine et entière de chaque être humain.

Ce besoin est aujourd’hui redevenu un combat car, ici ou là, dans l’un ou l’autre pays, proche ou lointain, le pouvoir confisqué au peuple par certains recommence à brûler les livres qui ne lui conviennent pas. Si cela se développe, cela signifiera le retour de la nuit, de l’obscurité, de la haine que nous avons si souvent croisées dans l’Histoire.

Le livre ne peut pas être formaté par une entité publique ou privée, le livre doit être l’expression même de la diversité et de la liberté, et nos modestes librairies indépendantes, sont, par excellence, les domaines de cette liberté, dédiés à la connaissance, à la découverte, à l’évasion et au plaisir de la fiction.

Les Libraires Indépendants du Rhin, vous souhaitent une très belle fin d’année 2019, d’excellentes fêtes et une bonne année 2020.

Nous vous remercions  vivement pour votre fidélité et votre soutien et vous donnons rendez vous dans nos librairies.

A bientôt au prochain numéro

D Ehrengarth – Président A.LIR

Le coup de cœur de la librairie Ehrengarth

Crypto Monnaie de Tristan Roulot & Djibril Morissette-Phan
Le Lombard

Nous suivons un banquier, père de famille et trop honnête avec ses clients, malheureusement sa hiérarchie ne pensant qu’au profit le voilà rapidement viré suite au changement de direction, l’angoisse lui causera une crise cardiaque qui le ramènera chez ses parents après un séjour à l’hôpital. Sans travail, avec un avenir floue, loin de sa fille, la situation semble compliquée, jusqu’à la découverte d’une nouvelle société se lançant dans une monnaie virtuelle qui promet de tout changer. Notre personnage se lance alors totalement dans l’aventure, voyant là de quoi changer toute sa vie.

L’histoire de nous explorer un sujet actuel, et explique de façon assez claire le fonctionnement de ces monnaies. On suit notre personnage a mesure qu’il en apprend de plus en plus sur l’entreprise, est-elle honnête, et si non est-il encore temps de faire demi tour quand on est impliqué jusqu’au cou. Est-elle là avec une opportunité pour ceux qui en ont besoin, où profite-elle de la situation de ceux qui ont déjà tellement perdu ?

Clémence

Librairie Ehrengarth - 14 route du Polygone - 67100 Strasbourg

Lpe 2

Le coup de cœur de la librairie Parenthèse

A la recherche du texte perdu de Ricardo Bloch

Editions Philippe Rey

Un livre réjouissant et original qui fait réfléchir à la transformation de notre langue par les outils numériquesCyber robots, appareils connectés et informatiques, algorithmes, intelligence artificielle nous annoncent le monde de demain. Dans le domaine de la communication, des logiciels nous permettent déjà de nous exprimer, de lire et d'écrire dans toutes les langues. Mais quelle langue ?

De l'Afrikaans au Zoulou, des traductions fantaisistes, drôles et pleines de non-sens et même de contresens, ce qui nous fait réfléchir sur l'intelligence artificielle et ses outils numériques !

Claudia

Librairie La Parenthèse - 63 rue Boecklin - 67000 Strasbourg

Parenthese 1

Le coup de cœur de la librairie Oberlin

La plus précieuse des Marchandises de Jean-Claude Grumberg

Seuil

Il était une fois , dans un grand bois, une pauvre bucheronne et un pauvre bucheron . Voilà comment commence ce récit.

Pauvre bucheronne ne peut pas avoir d’enfants. Mais, Oh miracle, elle recueille un nourrisson jeté d’un train. C’est la guerre et d’un train de déportés, un père ne trouve que ce moyen pour sauver un de ses enfants.

Il n’y a pas de morale dans ce conte, car c’est un conte, un conte qui raconte la Shoah. Un conte qui, malgré l’horreur de la guerre, est un message d’amour, d’espoir et de vie.

Un livre à lire, à relire et à offrir.

Valérie

Librairie Oberlin - 22 rue de la Division Leclerc - 67000 Strasbourg

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Le coup de cœur de la librairie Pleine Page

La panthère des neiges de Sylvain Tesson

Gallimard

Perchés sur le toit du monde, à l'aplomb de vallées secrètes du Tibet, Sylvain Tesson et le photographe Vincent Munier sont à l'affût de la panthère des neiges. Entre minéral et glace, une patience infinie et l'apprentissage de l'immobilité parfaite par des températures sidérales sont requis pour observer l'invisible, et rendre un dernier hommage à ce dernier des grands seigneurs des hauts plateaux.

Fabrice

Librairie Pleine Page - 13 rue Sainte Barbe - 67600 Sélestat

Pleine page

Le coup de cœur de la librairie A Livre Ouvert

L’âne de Schubert d'Andrew Merrifield

Actes Sud

Comme tout le monde, je cours, vous courez, ils courent en cette période de préparation des fêtes.

Andrew Merrifield, lui, a décidé de poser le baluchon et de prendre son temps.

Urbaniste de formation, il sort d’un milieu très modeste de Liverpool. Après de brillantes études il émigre aux USA où il enseigne à l’Université de Clark. C’est là qu’un matin il s’est surpris à en avoir assez de la course effrénée qu’était devenue sa vie. Il plante tout là et part dans les Cévennes où il loue un âne et part à l’aventure, plus ou moins sur les pas de Stevenson.

Dans « L’âne de Schubert » il nous fait part de ses réflexions, de ses pensées qui lui sont venues en cheminant au pas de l’ongulé. C’est une expérience quasi mystique à laquelle il nous convie dans ce texte très poétique et profond. De Schubert et de sa musique à l’altérité, de la relation avec l’animal aux considérations d’un urbaniste, Andrew Merrifield invite ses lecteurs à poser là le quotidien et son stress, la course au tout et n’importe quoi et nos vies de fous.

Lorsque la vie va l’amble (comme disait Aragon), au pas de l’âne elle nous permet par une prise de distance et de hauteur de relativiser beaucoup de choses et pourquoi pas de revenir à l’essentiel que chacun de nous peut découvrir au fond lui.

Une lecture roborative et un beau cadeau à  (se) faire pour les fêtes.

Willy

Librairie A Livre Ouvert - 4 rue du Marché aux Poissons - 67160 Wissembourg

Alo

Le feuilleton des écrivains de l'association Littér'Al

Episode N°12 par Janine Elkouby

Je composai le 112 sur mon téléphone. Puis ce fut le trou noir. Quand j’ouvris les yeux, je me retrouvai enfermé dans un cercueil mouvant de fumée grise, mais j’entrevis l’énigmatique Melanya s’éjecter de la villa, se fondre dans la fumée, disparaître. Le silence était total et je ne voyais plus rien. C’était bien ma veine : sourd et aveugle…

Mon odorat en revanche était intact, plus performant que jamais, pas étonnant, j’avais toujours été d’une sensibilité maladive aux odeurs, et pour l’heure, c’était une forte odeur de pourriture qui me montait au nez, comme la moutarde… Je bondis sur mes pieds en me bouchant les narines, saisi soudain d’une affreuse idée : et si je disparaissais moi aussi, absorbé par cette fumée grise que je ne voyais plus ? Dans mon errance aveugle et sourde, tandis que la puanteur devenait insupportable, je me heurtai soudain violemment à un obstacle. L’obstacle poussa un hurlement. Tiens, je n’étais donc plus sourd ? Je n’eus pas le temps de me réjouir qu’une gifle retentissante me fit tomber à genoux, et, en même temps que je voyais défiler à toute vitesse les yeux furibards, la main levée, le tailleur Dior et les jambes gainées de noir de la belle Melanya, je compris que je n’étais pas non plus aveugle. Ma chute me réveilla complètement.

Des pompiers et des CRS armés de matraques et de boucliers couraient en tous sens. Je vis clairement Melanya en chair et en os se faufiler dans tout ce chaos. Je me mis à hurler : « Attrapez-la ! C’est elle, la criminelle ! ». Comme au ralenti, je vis un pompier stopper son élan, la saisir par le bras, retirer son casque… Comme au ralenti, je la vis se débattre, tenter de s’arracher à la poigne de l’homme, le reconnaître avec terreur…

Janine elkouby

Janine Elkouby