Du Coin de la Page N°16 - Mars 2020
Le mot du président
Chers amis des livres,
Chers amis de la Librairie indépendante,
Mais quelle ironie, il est tout minuscule, il faut un microscope pour le voir, et il réussit à mettre le monde entier à l’arrêt et en panique…. Coronavirus est son nom, Astérix l’avait déjà croisé en traversant l’Italie et c’est bien le méchant de l’histoire.
Bon, on peut plaisanter un peu, mais il faut bien évidemment faire le nécessaire pour se prémunir et le combattre avec les moyens de protection, et de restriction des relations et échanges que l’on nous propose ou impose.
Les libraires indépendants d’Alsace se mettent à votre service pour vous aider à faire le plein de lectures et d’activités, de véritables stocks de précautions pour petits et grands, romans, essais, BD, cahiers d’activités, soutiens scolaires etc…
Les libraires s’organisent pour vous soulager, certains proposent des livraisons à domicile ou mettent en place des « drive in », mais tous sont à votre écoute, par mail ou téléphone, sur leur site ou boutique, ou sur « place des libraires ». Pour toutes les informations et coordonnées et tous les liens vers les sites et boutiques en ligne, rendez-vous sur www.alir.fr.
Et ensemble adoptons le seul virus qui le mérite !...Le virus de la lecture…..
Rendez-vous dans nos libraires pour toujours de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes et de nouvelles évasions.
A bientôt au prochain numéro.
D Ehrengarth – Président A.LIR
Le coup de coeur de la librairie A Livre Ouvert
"Suzuran" de Aki Shimazaki
Coédition Léméac / Actes Sud à paraître le 1er avril 2020
"De la simplicité en littérature"
Anzu est divorcée et élève seule son petit garçon Tôru à l'ombre du mont Daisen près de la mer du Japon. Elle vit des poteries pour Ikebana qu'elle créé et semble avoir accepté qu'elle passera le reste de sa vie seule. Ses parents vont s'installer dans une résidence pour personnes âgées et un jour Tôru partira faire sa vie.
Tout change lorsque sa soeur Kyôko présente son "fiancé" Yûji à sa famille. Inexplicablement le futur beau-frère et la future belle-soeur sont attirés l'un par l'autre, irrémédiablement.
Aki Shimazaki maîtrise comme peu d'auteurs l'art de la simplicité, voire du dénuement dans l'écriture. Raymond Carver disait qu'il fallait gratter la phrase jusqu'à l'os. Avec Aki Shimazaki cette injonction devient un style, un rythme, un musique des mots. Il s'en dégage une profonde poésie, une émotion tranquille.
Son récit file avec calme et maîtrise le long des péripéties de la vie d'Anzu sous le symbole du Suzuran (le muguet)
Une écriture comme de l'Ikebana : un art japonais dont la simplicité apparente cache un travail méticuleux et un grand savoir-faire.
Suzuran est le premier tome d'une nouvelle série.
Dieu que ce sera long d'attendre la suite.
Willy
Librairie A Livre Ouvert - 4 rue du Marché aux Poissons - 67160 Wissembourg
Le coup de cœur de la librairie Gutenberg
"Notre corps, nous-mêmes" Collectif
Editions Hors d'atteinte
Notre corps, nous mêmes, est la version française (et non pas traduction française) de Our body ourselves, livre-concept paru au début des années 70 aux États-Unis. Les éditions Hors d'atteinte actualisent la version française, grâce au travail et aux témoignages d'un nouveau groupe de femmes.
Véritable encyclopédie des corps des femmes, Notre corps, nous-mêmes articule les problématiques sociales et politiques, et démontre en acte que l'intersectionalité du féminisme est essentielle pour envisager l'ampleur et la diversité de l'oppression patriarcale - puis s'y attaquer. Celle-ci s'invite (s'impose) dans les sphères aussi intimes que la race, l'identité de genre, la sexualité, la santé, l'âge. Le privé se révèle ainsi éminemment politique : le corps de la femme et son contrôle sont des enjeux tant politiques que commerciaux.
Si les axes de réflexions amenés par le livre sont "traditionnels" lorsque l'on s'intéresse déjà aux questions soulevée par les courants féministes contemporains, la force de l'ouvrage réside dans son caractère encyclopédique. Par le prisme du corps des femmes, la totalité des sujets explorés par le féminisme est explorée avec méthode et exhaustivité. Les exemples tirés d'expériences personnelles rapportées sont renforcés par des références sociologiques et historiques.
Dans le respect de la parole de chacune, et à l'écoute des expériences personnelle qui se recoupent ou s'opposent, Notre corps, nous mêmes permet la rencontre avec l'altérité autant que la reconnaissance avec soi. La lecture est cathartique, et très bien documentée : elle ravit le cœur aussi bien que l'esprit.
Une somme à mettre entre les mains des femmes de tous poils et tous âges, ainsi que dans celles des curieux.
Marie
Librairie Gutenberg - 10 place Saint-Etienne - 67000 Strasbourg
Le coup de cœur de la librairie Parenthèse
"Un garçon sur le pas de la porte" de Anne Tyler
Editions Phébus
Micah Mortimer, la petite quarantaine routinière, coule des jours heureux dans un quartier tranquille de Baltimore. En voiture, au travail ou avec sa petite amie, il ne dévie jamais de sa route toute tracée jusqu'au jour où il trouve Brink Adams qui l'attend sur le pas de sa porte. Car l'adolescent fugueur en est sûr, Micah est son père biologique... Pour l'homme qui aimait ses habitudes, cette seconde chance sonne comme une malédiction.
Anne Tyler sait comme personne confronter des gens ordinaires à des situations qui vont bouleverser leur existence.
Claudia
Librairie La Parenthèse - 63 rue Boecklin - 67000 Strasbourg
Le coup de cœur de la librairie Ehrengarth
"La nuit est mon royaume" de Claire Fauvel
Editions Rue de Sèvres
Nawel est une jeune adolescente dont l'avenir est encore a tracer, jusqu'au jour où une nouvelle arrive dans son collège accompagnée de la musique des Beatles, et tout son avenir s'en retrouve boulversé. C'est une plongée à corps perdue dans la musique, comment en faire son quotidien alors que c'est un avenir qui fait peur aux parents, dévorée par le besoin de créer, le jour, la nuit, surtout la nuit. Trouver une formation sur Paris et monter un groupe avec sa meilleure amie, trouver les scènes où jouer, essayer de faire un disque et de se faire repérer, naviguer entre les labels, la concurrence et les embûches placées sur son chemin.
C'est un roman graphique fort, beau et dur à la fois, qui nous présente une héroïne prête à tout pour arracher sa liberté selon ses termes. Les descentes sont aussi violentes que le sont les élans vers le haut. On s'attache, on lui souhaite de réussir, on a vingt ans et on retrouve la puissance de ses émotions.
Clémence
Librairie Ehrengarth - 14 route du Polygone - 67100 Strasbourg
Le feuilleton des écrivains de l'association Littér'Al
Episode n°15 par François Hoff - Mars 2020
Déjà il grillait son premier feu rouge… Mais le pin-pon du camion nous assurait l’impunité. Le faux pompier laissa le véhicule en double file, et nous nous ruâmes dans l’escalier.
Il y avait du monde chez moi, j’entendais parler. Mon Python 1207 à la main, j’enfonçai la porte d’un coup de pied.
« Salut, Xavier ! Pense à appeler un serrurier ! »
C’était Athanase, qui m’attendait assis à mon bureau, un verre de mon whisky à la main. Autour de lui, une douzaine d’individus rigolaient…
Peu s’en fallut que je ne déchargeasse mon flingue sur eux, mais on s’expliqua.
Athanase devait présenter son roman à la librairie Bords de l’Ill. Mais il avait pris contact avec l’association Littér’Al, et lui avait proposé un coup de pub génial !
Il fait semblant de disparaître, avec la complicité de Duduche le libraire. On m’envoie une danseuse du Royal Palace de Kirrwiller, dans le rôle de la troublante Melanya. Et les écrivains produisent à tour de rôle les épisodes d’un thriller d’espionnage. Athanase les met en scène, et Duduche les transmet au bulletin d’Alir.
Bref, je me suis fait avoir comme un bleu. Le pompier n’est pas un agent du contre-espionnage, mais le patron du Vignoble éditeur, dont Athanase est le plus beau fleuron. Il a prêté sa villa et sa camionnette repeinte en rouge aux conjurés. L’explosion était bidon – un fumigène et quelques pétards – et les androïdes avaient été prêtés par Luc Besson.
L’intrigue tournait autour du mystérieux Cannibale de Bâle, pour créer une forte attente des lecteurs. Ils se demanderaient quelles terribles révélations ce roman contenait. Avec un tel lancement, ils s’arracheront le bouquin !
« Quand un type disparaît, faut pas le chercher trop. En tout cas pas chez moi… Parce que je ne laisse pas de traces ; je consomme et je consume. Et le dernier cadavre était exquis ! J’avais abordé le monsieur à l’exposition Francis Bacon – quel beau nom prédestiné ! – de la Fondation Beyeler… »
Lisez la suite du 1er chapitre du Cannibale de Bâle sur notre site.
DU MÊME AUTEUR
Cruautés à la Krutenau
Les Crimes du Krimmeri
Barbarie à Barr
Férocités à Ferrette
Horreur à Horbourg
Les Masseuses de Masevaux
Luxure à Lutzelhouse
François Hoff